Viande d'amour
Il ne sont plus ces morceaux confondus de froid.
Dans chaque pas et poses. Dans chaque cou du cou. Dans l'épaule à la béquille.
Dans la réappropriation du museau, du rumen, des langues, des cuissots.
Dans les baves, les sangs, les souffles et les yeux qui se surprennent. Et la boue et la merde lente au gros cul.
Il redeviennent.
En fait il ne sont pas ce qu'ils sont.
En fait ils sont légers comme des nuages.
En fait ils sont vivaces jusqu'au cil.
Ils ont cassé le moule, la faïence.
L'herbe, la première, va les fouetter, de son goût de lumière.
Et bientôt ils troqueront la candeur pour le désir lourd des vaches.
Mais ils sont irréductibles pour les industrieux.
Je les aime bien là.
Des manières de gosses.
Ils sont pris dans les gestes éternels des rêves caverneux.
Ils sont délicats.
Ils retiennent un peu de leur mort à venir.